Les infirmier(e)s et le doctorat. Quelle place dans les organisations du travail ?

Met Nsuni
Sous la direction de : Mathias Waelli (EHESP - Institut de Santé Globale, UNIGE, Genève)

Année de début : 2018
Date de soutenance : 03/02/2023
Discipline : sciences de gestion
Localisation : EHESP
École doctorale : Sciences économiques et sciences de gestion
Affiliation : EHESP

Résumé

Contexte
De plus en plus d’infirmières dans le monde poursuivent des parcours doctoraux. Les infirmier(e)s français(e)s ne sont pas en reste. La France a cependant la particularité de ne pas proposer de filière universitaire dédiée. Ces infirmier(e)s, réparties dans de nombreuses écoles doctorales n’ont pas le profil classique des autres étudiants. La grande majorité, poursuit une activité professionnelle parallèle faute de financement. L’objectif de cette recherche est alors de comprendre la place que les infirmier(e)s docteur(e)s ou doctorant(e)s (IDED) occupent dans les organisations de santé.
Méthode
Cette étude repose sur une méthodologie mixte en 3 phases menée de novembre 2018 à décembre 2020. Une première phase repose sur 45 entretiens semi-directifs pour comprendre le parcours et le vécut de ces infirmier(e)s. Et 10 entretiens auprès de cadre de santé et directeurs de soins non titulaires d’un doctorat ont apporté des éléments de compréhension dans les interactions avec les supérieurs hiérarchiques. Une deuxième phase repose sur un questionnaire envoyé aux 165 infirmier(e)s docteur(e)s et doctorant(e)s identifié(e)s en France. Ce questionnaire et ces entretiens ont été complétés par 27 heures d’observation in situ auprès de coordonnateurs de recherche. Une troisième phase de comparaison internationale repose sur des entretiens semi-directifs réalisés auprès de 10 infirmier(e)s suisses romandes (cinq docteur(e)s et cinq doctorant(e)s).
Résultats
Le lieu d’exercice des infirmier(e)s docteur(e)s et doctorant(e)s (IDED) a eu un fort impact sur leurs motivations à faire un doctorat. Les services tels que la réanimation, l’oncologie et la psychiatrie sont des environnements favorables au développement des profils scientifiques. Ces unités se caractérisent comme des organisations apprenantes. Dans ces unités soins principalement, la collaboration médicale y est fluide et favorise la modélisation des infirmières dans leurs travaux doctoraux. Les IDED souhaitent aussi bénéficier du même statut hospitalo-universitaire que les médecins. Ces éléments favorables sont aussi limités par la non intégration de l’activité de recherche dans les missions infirmières par les pairs et les supérieurs hiérarchiques.
Discussion/Conclusion
Les résultats de notre étude soulignent, la constitution d’une Élite infirmière formée par les IDED. Ces infirmier(e)s chercheur(euse)s construisent une relation de travail caractérisée comme ambigüe avec le corps médical. L’étude montre aussi l’importance de la notion de pouvoir qui aggrave la dynamique relationnelle entre les infirmières et les médecins. L’intégration des nouvelles compétences scientifiques infirmières questionne le Mandat infirmier. La profession infirmière a pour définition les soins directs auprès des patients mais sans inclure les missions transversales ou des activités satellitaires comme ici la recherche.