Gouverner localement les conduites énergétiques pour lutter contre la précarité énergétique.
Conditions d’institutionnalisation, mise en oeuvre par les agents de terrain et modalités de remise en cause

Meslet Fabien
Sous la direction de : Claude Martin / Thomas Aguilera / Renaud Hourcade (CED Bordeaux)

Année de début : 2019
Discipline : Sociologie, science politique
Localisation :
École doctorale : ED ESC
Affiliation : Université de Rennes 1

Résumé

La thèse porte sur une modalité d’intervention dominante dans la régulation locale de la précarité énergétique: la sensibilisation des pauvres aux économies d’énergie. En s’appuyant sur une enquête de terrain menée à Nantes entre 2019 et 2022, elle analyse les jeux d’acteurs qui ont présidé à l’émergence de deux dispositifs d’éducation aux éco-gestes à destination des classes populaires dans la première moitié des années 2010 sur ce territoire. Elle éclaire ensuite la façon dont les agents-prescripteurs financés par la collectivité transmettent concrètement les normes institutionnelles de la consommation d’énergie à des populations dans une interaction en face-à-face et pourquoi ils s’engagent dans cette activité normative malgré leurs doutes quant à ses effets sur les situations énergétiques individuelles, tout en restituant ces agents dans l’espace des positions sociales et des trajectoires de socialisation. Enfin, la thèse montre comment ces street-level bureaucrats ont progressivement contesté leurs instruments (soit de façon discrète par l’usage de leur pouvoir discrétionnaire, soit de façon plus explicite par une prise de parole) et les ont dans tous les cas transformé de l’intérieur (en les éloignant d’une logique comportementale et normative au profit d’une logique plus émancipatrice d’action sur les rapports sociaux inégalitaires), garantissant par ces opérations une reconstruction du sens de leur travail quotidien.

Mots clés: travail social, transition énergétique, normalisation, instruments d’action publique