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Rapports ordinaires au genre

La question des rapports entre genres constitue désormais, y compris en France, un domaine de recherche bien institutionnalisé. Beaucoup de travaux explorent les relations entre hommes et femmes dans différents domaines sociétaux et leur évolution, les mécanismes de la socialisation aux normes de genre, ou encore la constitution des identités hommes/femmes.

Présentation

A cette exploration des mécanismes sociaux contribuant à “fabriquer du genre” au quotidien s’est ajoutée une analyse des mouvements sociaux ayant contribué à porter l’attention sur les questions de genre : le féminisme et ses différentes déclinaisons. Plus récemment, les mouvements antiféministes, voire masculinistes ont fait l’objet d’enquêtes scientifiques analysant les ressorts de ce militantisme organisé en réaction aux avancées d’un féminisme jugé excessif. En bref, à travers ces travaux ont été abordés les rapports sociaux de genre en eux-mêmes, tels qu’ils sont vécus au quotidien par les individus lambda, ainsi que les positionnements militants organisés autour de ces rapports. Aucune recherche systématique n’a en revanche tenté de croiser ces deux problématiques pour n’en former qu’une : nombre d’acteurs, sans s’inscrire dans un militantisme organisé, mobilisent en effet des discours sur le genre et les femmes pour intervenir dans leurs domaines d’activité propre (médias, politique, médecine, justice etc.). Dans quelle mesure ces jeux sur et avec le genre, ces usages – et mésusages – contribuent-ils in fine à façonner les rapports sociaux de sexe ? Les discours ordinaires (au sens où ils ne sont pas organisés sous une forme militante explicite, mais sont liés aux rapports sociaux quotidiens) sur les excès et effets pervers du féminisme, ou encore le déni du genre comme catégorie d’analyse pertinente, les propos tenus sur les femmes (qu’ils soient positifs ou négatifs) constituent autant d’appropriations ordinaires des rapports sociaux de sexe et des luttes qui en sont l’objet. Lorsqu’un député refuse de féminiser la fonction de président de séance, lorsqu’un-e magistrat-e souligne les difficultés posées par la féminisation de son groupe professionnel, lorsqu’un-e journaliste de sport refuse de couvrir le sport féminin, nous considérons être face à des instrumentalisations ordinaires du genre, qui permettent aux acteurs de construire des identités stratégiques, de se positionner au sein des univers professionnels et sociaux considérés, par et au-delà des rapports de genre. Nous faisons l’hypothèse que ces discours portent, implicitement ou explicitement, sur les modes de domination caractéristiques de ces différents espaces sociaux et constituent autant de manières de contester leur transformation ou de justifier leur perpétuation. A quelles conditions ces discours ordinaires sur le genre constituent-ils une ressource pour celles et ceux qui les mobilisent ? Et quels effets produisent-ils, tant sur le plan de la “fabrique du genre” (en paroles et en actes) qu’en tant qu’éléments structurants des univers où ils sont mobilisés ? Telles sont les questions centrales que nous proposons d’analyser à travers plusieurs étapes : des enquêtes de terrain individuelles et collectives, l’organisation d’un séminaire, d’un colloque international en 2018, puis, à terme, une publication collective.

Les membres
Vie de l'équipe

> Calendrier des réunions du séminaire du chantier : 25 janvier 2016, 18 mars 2016, 13 juin 2016, 26 septembre 2016, 18 janvier 2017, 24 avril 2017, 19 octobre 2017, 22 décembre 2017, 7 février 2018, 9 avril 2018, juin 2018 (réunions rassemblant entre 8 et 12 personnes)

> Séminaires généraux d’Arènes reliés à ce chantier :

– intervention de Diane Lamoureux (professeure de sociologie, Université Laval, Québec, Canada) le 7 mars 2017 autour de son dernier ouvrage, Les possibles du féminisme. Agir sans « nous », Editions du Remue-ménage, 2016.

– Intervention de Pauline Delage (chercheure FNS senior à l’Université de Lausanne, rattachée au Centre en études genre), le 19 avril 2018, autour de son ouvrage Violences conjugales. Du combat féministe à la cause publique, Paris, Presses de Sciences Po, 2017.

> Organisation de la ST 45 du Congrès de l’AFSP, Montpellier, juillet 2017 : « Rapports ordinaires au genre en politique ».

> Invité.e.s extérieur.e.s à l’UMR que nous avons le plaisir d’inviter au sein du chantier en 2017-2018 :

Xavier Dunezat (docteur en sociologie, professeur agrégé de sciences sociales)
Alban Jacquemart (MCF en science politique, Université Paris-Dauphine, IRISSO) Mélanie Gourarier (CR CNRS, Anthropologie, LEGS)
Camille Masclet (docteure en science politique et en sociologie, Université Paris 8 (CRESPPA-CSU) et Université de Lausanne (IEPHI-CRAPUL), ATER à l’Université Paris-Nanterre).

> Organisation du colloque international « Rapports ordinaires au genre », 18 et 19 octobre 2018, Rennes.

Les publications

Dernières actus

Publié le 19 Fév 2019