Sami Zegnani soutiendra son Habilitation à Diriger des Recherches en sociologie le 8 janvier 2024 à 14 heures à l’Université Rennes 2 (bâtiment Présidence, salle des thèses, 7ème étage).

Le dossier se compose de 2 volumes :

  • Volume 1 : Parcours de recherches et recueil de travaux
  • Volume 2 : Ethnosociologie des quartiers populaires

Membres du jury :

  • – M. Jérôme Deauvieau, Professeur des Universités, École Normale Supérieure de Paris, membre du jury
  • – Mme France Guérin-Pace, Directrice de Recherche, INED – UR12, membre du jury
  • – Mme Sandra Laugier, Professeure des Universités, Université Paris 1, rapporteure du jury
  • – M. Claude Martin, Directeur de Recherche CNRS émérite, École des Hautes Études en Santé Publique, membre du jury
  • – M. Eric Marlière, Professeur des Universités, Université de Lille, rapporteur du jury
  • – M. Philip Milburn, Professeur des Universités, Université Rennes 2, garant de l’HDR

 

Résumé du volume 2, Ethnosociologie des quartiers populaires

Comment les espaces publics dans les quartiers populaires se transforment-ils en sphères publiques vivantes, animées par des échanges potentiellement dissidents ? Cette HDR se penche sur cette interrogation en déployant une approche théorique et méthodologique des dynamiques de créativité et de contestation à l’œuvre dans les territoires relégués. À travers des travaux ethnographiques menés à Toulouse, à Rennes, en région parisienne et en Tunisie, elle révèle comment ces espaces deviennent des lieux d’engagement et de créativité alternatifs.

Cette approche ethnosociologique se concentre sur les sociabilités engagées des habitants des quartiers populaires et leurs réappropriations pratiques des mouvements artistiques et religieux internationaux. Elle contribue ainsi à saisir les phénomènes de globalisation et de circulation dans leur traduction locale.

Ainsi, la déconstruction du processus créatif du rap invite à nuancer l’idée d’une culture populaire purement orale, en mettant en lumière l’importance de l’écriture dans ces milieux. En parallèle, l’examen des pratiques quotidiennes des salafis révèle une réalité complexe où l’adhésion au dogme religieux scripturaire sert de base à une pratique dynamique et ajustée au contexte français. Toutefois, ces ajustements se heurtent à des défis majeurs, notamment la stigmatisation et la contradiction entre leur dogme et les normes de laïcité, en particulier en matière d’égalité des sexes, rendant ces efforts souvent insuffisants pour parvenir à un équilibre durable et accepté.

Entre conformité et déviance vis-à-vis des normes dominantes, le rap et la salafyia émergent dans ces quartiers dans un contexte d’entrée dans l’âge adulte instable et désynchronisé. Ces sociabilités publiques engagées proposent ainsi des styles de vie susceptibles d’apporter des réponses, souvent contestées, aux problématiques liées à ces cycles de vie.

En somme, cette approche propose des principes d’analyse pour comprendre la formation d’une sphère publique populaire, caractérisée par l’appropriation des espaces publics urbains et la création de lieux d’échange d’idées, intégrant une pédagogie de la littératie dans un contexte de surveillance accrue de ces populations.

Mots clés : Sphère publique populaire, salafisme, hip-hop, rap, quartiers populaires, espaces publics, littératie, jeunesse, contestation, créativité, engagement, écriture, lecture, entrée dans l’âge adulte, ethnosociologie, ethnographie