Infos pratiques

Vendredi 24 janvier 2025 à 10h00 > 16h00
MSH B, salle 005

Intervenant.e(s)

Sébastien Ségas

Christian Le Bart

Anaïs Théviot

Anne Cécile Renouard

Journée Axe 2 – Professionnalisation/déprofessionnalisation

Les frontières floues du travail politique et militant, et les métiers connexes

 

  • Sébastien Ségas

Une professionnalisation honteuse et inachevée : le rapport des élus à leurs indemnités.

Dans un premier temps, je reviendrai sur les conditions de production des normes juridiques qui encadrent la rémunération des élus français. Le débat politique apparaît structuré par une tension très forte entre la volonté de rémunérer l’activité des élus et le refus d’un statut véritablement professionnel. Dans un deuxième temps, j’explorerai les rapports qu’entretiennent les élus avec l’argent qui rémunère leur activité politique et aussi l’argent qu’ils retirent d’autres activités (quand ils en conservent ou en développent une, en plus de leur mandat). La compréhension des rapports subjectifs des élus aux indemnités et, plus largement, à leur revenus personnels, suppose de prendre en compte leur « carrière » d’engagement (et de désengagement).

  • Christian Le Bart

La déprofessionnalisation de façade des politiques.

L’objectif de cette intervention est de montrer comment les politiques, aujourd’hui, font face au climat de suspicion qui contribue au discrédit de leur activité. Si ce discrédit épargne à peu près les « petits » élus, il vise tout particulièrement les professionnels de la politique, confrontés à un jeu récurrent de critiques convenues mais radicales (les politiques sont hors-sol, ils vivent loin des réalités, bénéficient de privilèges, ne recherchent que le pouvoir, ignorent tout de la vraie vie…). La stratégie dominante des intéressés ne consiste pas à tenter, collectivement, de réhabiliter leur « métier » ; elle consiste à tenter d’apporter la preuve, individuellement, qu’ils échappent à ces critiques et qu’ils ne sont pas vraiment des professionnels de la politique. En valorisant ceux de leurs attributs qui les éloignent du profil-type du « politicien », ils contribuent à renforcer le dégagisme ambiant ; ainsi lorsqu’ils mentionnent leur ancrage dans la société civile, lorsqu’ils font silence sur leur trajectoire politique, lorsqu’ils mettent en avant leur distance au milieu politique ou aux logiques de carrière politique, lorsqu’ils se mettent en scène sur le terrain… On peut parler de stratégie de dé-professionnalisation.

  • Anaïs Théviot

Qui sont les travailleurs politiques des données en France ?

Depuis les travaux de Jay Blumler et Dennis Kavanagh, la sollicitation de spécialistes de la communication politique – qualifiés de « nouvelles élites de la politique » – par les instances partisanes a été fortement soulignée et ce, d’autant plus que des compétences techniques et la maîtrise d’un vocable spécifique sont désormais requises. De nombreux travaux français ont porté le regard sur les professionnels de la communication politique, mais peu encore ont étudié les professionnels de la communication politique numérique en France et notamment les travailleurs de la donnée.  Ces derniers ont-ils des caractéristiques communes en termes de profils sociologiques et de trajectoires avec d’autres collaborateurs politiques? Comment arrivent-ils à construire l’uniformité de leur groupe et à imposer leur « territoire » professionnel ? Cette communication examine les caractéristiques du profil sociologique de ces travailleurs de la donnée en portant le regard notamment sur le capital politique, ce que nous appelons le « capital numérique », l’âge, la formation et le genre. Nous verrons que les travailleurs de la donnée sont en majorité des hommes blancs, parisiens, jeunes, ayant fait des études supérieures et disposant d’un capital politique, couplé à un capital numérique. Ces éléments communs cachent toutefois des trajectoires variées, certaines liées à des échecs politiques qui les ont conduits à reconvertir le capital politique dans l’entrepreneuriat ; quand d’autres sont plus liées au réseau des civic-tech. Nous placerons la focale sur certaines trajectoires pour saisir comment deux mondes professionnels se réunissent, se complètent et se délimitent : le politique et les données.

  • Anne Cécile Renouard

Militants et professionnels de la transition énergétique : formes et motifs d’engagement militant dans une pratique professionnelle de scénarisation partiellement détournée.

L’observation des pratiques d’engagement des militants des associations Virage (spécialisées sur les questions énergie-climat) et de la fédération FNE révèle des formes hybrides et ambivalentes du recours à des normes et pratiques professionnelles de la prospective et de l’analyse des systèmes énergétiques. Ainsi, dans ce premier temps de ma réflexion, je souhaite mettre en avant des processus imbriqués de professionnalisation et de non-professionnalisation, selon des déclinaisons multiples (entre associations ; entre acteurs associatifs). Les associations prises en compte ont participé à des débats publics régionaux sur la transition énergétique en produisant elles-mêmes des scénarios énergétiques ou en analysant ceux qui étaient réalisés par les pouvoirs publics (Conseils régionaux, services déconcentrés de l’État, Ademe). Ce sont ces pratiques et notamment celle de la production de scénarios énergétiques qui conduisent à revenir ici sur des processus de (dé)professionnalisation et tenter de les articuler avec les questionnements de l’axe 2.