Des routes à plusieurs vitesses. Le resserrement différencié du réseau national non concédé en Bretagne et en Occitanie
Le Prigent Angèle
Sous la direction de : Romain Pasquier
Discipline : Science politique
École doctorale : ED DSP
Affiliation : Université de Rennes
Résumé
Depuis les années 1970, l’architecture institutionnelle des politiques publiques de l’Équipement n’a eu de cesse de basculer entre une logique territoriale et sectorielle, entre déconcentration, décentralisation et recentralisation successives. Le cas de la gestion du réseau routier national illustre bien cette dynamique. Depuis février 2022, dans le contexte de la loi dite « 3DS », les départements, métropoles et régions ont la possibilité de reprendre des routes nationales « à la carte » en fonction de leur intérêt local pour les tronçons routiers. En plus d’ajouter l’échelon régional dans un paysage territorialisé de la gestion routière historiquement centrée autour des départements, du bloc communal et de l’État, cette réforme réactive la tension entre secteur et territoire en institutionnalisant la différenciation territoriale. Elle produit alors un « puzzle territorial » de la gestion routière en fonction des positionnements politiques des collectivités territoriales.
L’objectif de la thèse est de questionner la trajectoire d’évolution de la gestion du réseau routier national et ses effets localisés pour comprendre les enjeux de cette réforme routière « différenciée ». L’hypothèse principale de ce travail est que le puzzle territorial de la gestion routière tient à la fois des modes d’intervention différencié de l’État et de la variabilité des équilibres politiques entre systèmes d’acteurs au sein des configurations étudiées.
Pour cela, nous mobilisons principalement un cadre analytique issu de la sociologie historique de l’État articulant les liens entre politiques publiques et logique territoriale. Notre enquête repose à la fois sur une lecture des évolutions nationales et sur une comparaison des configurations territoriales bretonnes et occitanes à l’aide du process tracing. Cette double approche permet ainsi d’interroger les restructurations du secteur routier et leurs effets localisés, tout en considérant les spécificités des gouvernances locales. À partir du cas de la gestion routière, cette recherche encourage la réactivation du débat sur la différenciation territoriale à l’aune de son institutionnalisation progressive. Elle poursuit également l’ambition de proposer des outils d’analyse adaptés à l’analyse de la différenciation territoriale.