Infos pratiques
Intervenant.e(s)
Jean-Pierre Le BourhisArènes
Franck Boutaric
Théo Moreau
UMR LISIS, Université Paris-Est
Philippe Quenel
LERES, EHESP
Olivier Blanchard
EHESP
Bertrand Lefebvre
Arènes, EHESP
Nolwenn Salmon
Laboratoire LAMC de l'ULB
Organisateur(s)
Renaud HourcadeJean-Pierre Le Bourhis
Bertrand Lefebvre
Journée d’étude Pollutions de l’air et (in)action publique
Mesurer et gouverner les toxiques atmosphériques du nord au sud.
Cette journée d’étude est organisée par Renaud Hourcade, Jean-Pierre Le Bourhis et Bertrand Lefebvre dans le cadre du chantier « Environnement, écologie politique et développement durable » du laboratoire.
Dans les pays industrialisés du Nord, la pollution de l’air s’est installée durablement sur l’agenda gouvernemental à partir des années 50, suite à la révélation de ses impacts aigus et chroniques sur la santé. Elle demeure aujourd’hui un problème majeur, en dépit de l’accumulation de connaissances et de programmes d’intervention. Quelques décennies plus tard, le décollage économique et la croissance urbaine des pays du Sud exposent ces derniers aux mêmes ravages de la pollution de l’air ambiant, devenu l’un des fléaux des mégalopoles du Sud-est asiatique, de l’Amérique du sud et de l’Afrique. Selon des évaluations récentes de l’OMS, 91 % de la population mondiale respire un air toxique, à l’origine de 7 millions de décès par an.
Face à ce qui est devenu une cause globale, l’écart demeure important entre des connaissances et données produites de plus en plus massivement, conduisant pour certaines à des alertes largement médiatisées, et une action publique hésitante. L’affichage occasionnel d’un volontarisme politique masque difficilement des effets limités, dont témoignent les dépassements répétés des seuils sanitaires. Ce décalage se constate, selon des formes différentes, au Nord comme au Sud.
Des travaux classiques de sciences sociales se sont penchés sur cette inertie de l’action publique (Crenson 1971, Dupuis 2004, Grant et al. 1999) ou, plus récemment, sur les mises en œuvre différenciées des instruments de lutte contre la pollution de l’air (Knoepfel 2007 ; Larrue 2000). La recherche a aussi éclairé le rôle des acteurs scientifiques et plus largement des intervenants et dispositifs liés à la mesure dans la perception des problèmes publics (Boutaric et Lascoumes 2008; Charvolin et al, 2015). Le questionnement est en partie renouvelé aujourd’hui par la multiplication des modes de mesures et de production de données (microcapteurs, modélisation et cartographie fines, exploitation des données publiques…) et par la diversification de leurs producteurs (organismes officiels, chercheurs, ONG, mouvements de science citoyenne, entreprises, voire simples individus…).
A travers la présentation de travaux de recherche et deux tables-rondes, cette journée vise à mettre en relation les réflexions menées sur les pays du Nord et les problèmes que soulève la situation dans les pays du Sud, où des pollutions intenses se conjuguent à des problèmes de gouvernement (sur l’Inde (Véron 2006 ; Kornberg 2013). Les contributions permettront de dégager les points de comparaison entre les trajectoires du problème et de sa régulation au Nord et au Sud, à partir de points de vue disciplinaires variés. Ce moment d’échange vise également, face à ce problème majeur de santé publique, à rapprocher des chercheurs et experts intéressés par le sujet pour dégager de nouvelles pistes de recherche, à la fois pluridisciplinaires et transnationales.
Références
- Boutaric Franck et Lascoumes Pierre, 2008, « L’épidémiologie environnementale entre science et politique. Les enjeux de la pollution atmosphérique en France », Sciences sociales et santé, Vol. 26, 4 : 5-38
- Charvolin, Florian, Stéphane Frioux, Léa Kamoun, François Mélard, Isabelle Roussel, 2015, Un air familier ? Sociohistoire des pollutions atmosphériques, Paris : Presses des Mines.
- Crenson, Matthew, 1971, The Un-politics of Air Pollution. A study of Non-Decisionmaking in the Cities,Baltimore : The Johns Hopkins University Press.
- DuPuis, Melanie E., 2004, Smoke and mirrors: the politics and culture of air pollution, New-York : New York University Press.
- Grant, Wyn, Perl, Anthony, et Knoepfel, Peter (ed.), 1999, The politics of improving urban air quality, Cheltenham UK/Northampton USA : Edward Elgar.
- Knoepfel, Peter, 2007, Environmental Policy Analyses, Springer, Berlin, Heidelberg.
- Kornberg, Dana, 2013, “The politics of sanitation in India: cities, services and the state”, Environmental Politics, 22,2 : 358-360
- Larrue, Corinne, 2000, Analyser les politiques publiques d’environnement., L’Harmattan, Paris, 2000
- Véron, René, 2006, “Remaking urban environments: the political ecology of air pollution in Delhi”, Environment and Planning A, vol. 38, n° 11 : 2093-2109.
Programme de la journée
9h – Accueil – Café
9h30 – Introduction : « Savoir et ne pas pouvoir. Les limites au gouvernement des pollutions atmosphériques» , Jean-Pierre Le Bourhis, UMR Arenes, CNRS-Univ Rennes
09h45 – 12h30 – Les politiques de prévention des pollutions de l’air : quelles interactions entre actions publiques et mesures de l’air ?
09h45 – 10h30 « Le gouvernement de la qualité de l’air en France : ignorances politiques et répertoire limité d’actions », Franck Boutaric
10h30 – 11h15 « Production et mise à disposition des données de qualité de l’air en France. Vers un ‘’nouveau modèle économique de surveillance’’? », Théo Moreau, Université Paris-Est, UMR LISIS
11h15 – 12h30 Table ronde : Savoirs sur l’air et (in)action publique : enjeux de connaissances et de décision (avec notamment Philippe Quenel (LERES, EHESP) et Olivier Blanchard (EHESP))
12h30 – 13h30 – Buffet déjeunatoire
13h30 – 16h15 – Les problèmes de la pollution atmosphérique au prisme du Sud
13h30 – 14h15 « Gouverner la qualité de l’air à Delhi : construction et défaillances d’une régulation inefficace », Bertrand Lefebvre, UMR Arènes, EHESP
14h15 – 15h00 « Le débat environnemental en Chine. L’exemple de la pollution aux particules fines», Nolwenn Salmon, Laboratoire d’anthropologie des mondes contemporains (LAMC) de l’université Libre de Bruxelles (ULB)
15h00 – 16h15 Table ronde de conclusion
16h15 – 17h00 – Conclusion de la journée