Relire les transitions ibériques à l’aune du petit écran (1973-1982)
Philipe Virginie
Sous la direction de : Luc Capdevila / Xosé Manoel Núñez Seixas (Université de Saint-Jacques de Compostelle) co-directeur
Date de soutenance : 19/12/2023
Discipline : Histoire moderne et contemporaine
École doctorale : ED STT
Affiliation : Université Rennes 2
Résumé
Dans le cadre d’un profond renouvellement des études historiques et sociologiques sur le phénomène complexe qu’est la transition vers la démocratie ou à la démocratie (to en anglais, hacia en espagnol), ce sujet d’histoire comparée ambitionne de sonder les deux processus ibériques de transition vers la démocratie à travers un prisme inédit : le petit écran. En effet, le caractère intrinsèquement téléologique de l’idée de « transition à la démocratie » et la tentation imprudente de vouloir identifier une voie idéale, « the one best way », nous invitent à étudier ces deux processus de transition à travers un objet empirique, la télévision. Né dans les années 1950, sous les dictatures salazariste et franquiste, ce nouveau média a été un outil apprécié par les régimes dictatoriaux car il permettait de distiller une propagande pernicieuse, longtemps associée par certains au « viol des foules ». Singulièrement, cette télévision issue de la dictature devient une actrice de la transition, en participant à la construction d’un nouvel espace démocratique. L’étude politique et culturelle de ces deux télévisions publiques (TVE et RTP) nous permettra d’appréhender les transitions ibériques du point de vue des élites dirigeantes, mais aussi depuis le point de vue de la société civile, c’est-à-dire celui des téléspectateurs, citoyens en devenir, témoins et acteurs de ces changements, en accordant une place particulière aux techniciens et aux journalistes, qui se trouvent à la charnière de ces deux sphères. L’objectif de cette thèse est d’étudier globalement le second XXe siècle ibérique, en croisant les transitions espagnole et portugaise vers la démocratie à travers les télévisions d’État. Ce travail projette ainsi de relire de manière critique la Révolutions des oeillets, présentée aujourd’hui comme une « transition révolutionnaire », mais aussi de revenir sur le mythe d’une transition espagnole pacifique et consensuelle.