Responsable
- Benoit Giry (Sciences Po Rennes)
Politiques des savoirs environnementaux
Les problèmes d’environnement (comme le changement climatique, l’érosion de la biodiversité, l’acidification des océans, les pollutions, l’épuisement des ressources naturelles, etc.) font l’objet de luttes concernant leur reconnaissance et leur résolution, leur sens et leur réalité. Celles-ci font appel à de multiples dispositifs de connaissance (instruments scientifiques, recueil de témoignages, prophéties, expertises, etc.) qui contribuent à l’existence sociale de ces problèmes. Les différentes formes d’action publique qui les prennent en charge s’appuient sur une intense production et mobilisation de savoirs scientifiques et profanes. Pluriels, parfois concurrentiels, ces savoirs sont au fondement de pratiques, de collectifs et d’instruments (modèles, algorithmes, systèmes d’information et bases de données, dispositifs métrologiques, etc.). Ils forment l’infrastructure cognitive assurant la gouvernance de l’environnement et sont de ce fait un ressort central des régulations environnementales aux différents niveaux de l’action publique.
Le groupe transversal Politiques des Savoirs Environnementaux [PSE] s’intéresse à la manière dont des individus et des groupes contribuent à la production, la diffusion et la réception de savoirs en matière d’environnement. Il propose ainsi d’interroger, à travers les questions d’environnement, le rôle des professions savantes (chercheur.e.s, ingénieur.e.s, enseignant.e.s, consultant.e.s, expert.e.s) et des savoirs scientifiques, techniques et profanes dans l’action publique, les processus de transformation des savoirs en pratiques, en collectifs ou en instruments d’action publique, les logiques d’influence (exercées par des intérêts privés, professionnels voire étatiques) ou de contestation (menées par des groupes mobilisés ou des intervenant.e.s divers.es dans la construction des problèmes) auxquelles la production et la promotion de ces savoirs donnent lieu.
En combinant les apports de la sociologie de l’action publique, de la sociologie de l’action collective, de la sociologie des sciences et des savoirs, le groupe PSE propose donc de prendre en charge les questionnements suivants : 1. Comment se forment les savoirs environnementaux ? 2. Comment se diffusent-ils et comment deviennent-ils socialement disponibles ? 3. Sous quelles conditions se révèlent-ils politiquement efficaces (i.e. se convertissent-ils en pratiques, en dispositifs d’action publique, en mobilisations, etc.) ?
Depuis 2021, le groupe PSE s’est penché sur l’Anthropocène. Initialement réduit à une dénomination stratigraphique controversée, le terme s’est progressivement imposé dans les recherches scientifiques, les tracts militants et les débats parlementaires pour désigner l’emprise générale des « activités humaines » sur le « système-Terre ». Sa valeur politique repose donc sur un type particulier de savoirs causaux associant des « dégradations environnementales » à des « causes anthropiques » variées. Cette croyance est maintenue grâce un important travail de production, de diffusion et de valorisation de ces savoirs mené par un agencement hétérogène d’acteur.rice.s. Nous proposons d’étudier ces « activités étiologiques » et les acteur.rice.s qui les mettent en œuvre afin de documenter les fondements sociaux de ce que la littérature nomme déjà les « politiques de l’Anthropocène ».
Le groupe PSE a pour vocation de fédérer les chercheurs et chercheuses du laboratoire Arènes s’intéressant à ces questions. Il se réunit mensuellement afin d’accompagner les recherches individuelles et collectives, de contribuer à l’animation scientifique du laboratoire par des invitations de chercheuses et chercheurs extérieurs, d’organisations d’évènements et de valoriser la production scientifique de ses membres.