Résumé
Cette recherche propose de s’intéresser à la situation des plus vulnérables durant le confinement mis en place le 17 mars 2020 en France. Ce phénomène a créé des désorganisations immédiates de l’action des associations de solidarités au détriment des plus vulnérables. Ceux-ci se sont cependant adaptés et les acteurs ont fait évolué leurs interventions de manière à ce que cette situation ne vienne pas aggraver massivement le sort des plus pauvres. Les associations d’aide humanitaire, après avoir souffert quelques jours du manque de bénévoles ont pu se réorganiser. Les squats se sont adaptés pour établir le plus possible les mesures de distanciation. Les associations de jeunes ont développé leurs activités sociales, éducatives et culturelles au niveau numérique. Les institutions mènent quelques actions concernant les relogements, l’alimentation, la santé et l’éducation des populations marginalisées. Comment sont développés toutes ces initiatives pour prendre en compte les droits et besoins fondamentaux des populations vulnérables exilées à Rennes, à partir du 17 mars et jusqu’à la fin du confinement ? Ce questionnement trouve certaines réponses à partir des savoirs développés concernant la prise en charge des populations vulnérables, notamment au niveau de leur accompagnement interculturel. Au niveau des engagements de ces personnes, des bénévoles et intervenants qui les entourent, il convient d’avoir une perception assez large des formes qu’elles peuvent prendre pour comprendre les revendications et les manières de prendre en charge les besoins fondamentaux. Enfin, le rôle de l’action communautaire en période de crise est aussi un point important à intégrer, pour permettre de faire évoluer la résilience des systèmes de prise en charge des besoins fondamentaux.
Du point de vue méthodologique, il s’agit d’implémenter une recherche co-créée par les bénéficiaires, les travailleurs sociaux et des universitaires. Dans une perspective inductive, l’enquête est ainsi développée selon les principes d’une co-recherche, qui vise à transformer la prise en compte des populations marginalisées. Les méthodes mobilisées sont mixtes : observations virtuelles et en présentiel, récits d’expériences par des journaux de terrain, entretiens, analyses de discours médiatiques et institutionnels, questionnaire.
Les analyses sont également co-construites entre les universitaires, les premiers concernés et les travailleurs sociaux. Elles sont mises en perspective avec des enquêtes réalisées sur les mêmes sujets à Lyon, Bruxelles et Montréal, permettant des comparaisons nationales et transnationales.
L’équipe animant la recherche est composée de quatre chercheurs de la coopérative Coop Eskemm et de six chercheurs liés au laboratoire Arènes. Dès le démarrage de l’enquête en avril 2020, l’équipe est complétée par cinq co-chercheurs ayant des expériences de prise en charge en tant qu’exilés et bénévoles d'associations de solidarités. Ce travail de recherche est construit dans une logique ouverte, avec des ateliers réguliers permettant aux autres acteurs des solidarités et aux premiers concernés de s’y impliquer selon leurs envies.
Cette recherche doit enfin amener à prendre de la distance sur la prise en charge des personnes vulnérables dans une période où le système social et économique est particulièrement mis à l’épreuve. Ce travail sur l’intervention sociale en temps de crise devrait permettre d’améliorer les conditions d’actions des associations de solidarité et les situations de leurs bénéficiaires. In fine, il s'agit ainsi de contribuer aux améliorations de la résilience des systèmes de prise en charge des personnes fragilisées.
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