Titre de la thèse : La préfiguration écologique. Comparaison des installations néorurales collectives en France, en Espagne et au Royaume-Uni
Direction de la thèse : Christian Le Bart, Professeur des universités, Science Po Rennes (directeur) et Gildas Renou, Maître de conférences, Université de Lorraine (co-directeur)
Résumé de la thèse : Cette thèse renoue avec la sociologie des utopies et l’ethnographie des expériences communautaires initiées au début des années 1970, tout en mobilisant le cadre d’analyse de la sociologie de l’action collective protestataire contemporaine. Elle cherche à comprendre dans quelle mesure un engagement circonscrit aux espaces domestiques peut devenir un engagement protestataire orienté vers une finalité de changement social. Elle s’appuie pour cela sur une enquête ethnographique comparative dans neuf lieux de vie collectifs à visée écologique en milieu rural, situés en France, en Espagne et au Royaume-Uni. Dans une première partie, la thèse analyse l’hétérogénéité des installations néorurales contemporaines à partir de trois groupes d’indicateurs : la distance par rapport aux espaces urbains, la distance par rapport aux antécédents utopiques historiques et la distance par rapport aux autorités publiques. Il en découle trois propositions taxinomiques qui simplifient autant qu’elles soulignent la variabilité empirique de l’objet étudié. Dans une seconde partie, nous montrons que l’invariant réunissant les cas d’étude est un registre d’action collective spécifique, nommé « préfiguration » d’après la littérature anglophone. La thèse montre que cette modalité d’action protestataire repose sur une conception du changement social particulière, selon laquelle les transformations macroscopiques de la société peuvent découler de l’agrégation exponentielle de transformations microscopiques dispersées. L’analyse processuelle de l’engagement préfiguratif tend à invalider la possibilité d’un tel mécanisme. Une analyse relationnelle du répertoire dans lequel s’inscrit la préfiguration écologique plaide en revanche pour la possibilité d’effets conjoints, en combinaison avec d’autres modalités d’action.
Soutenance publique : 23 juin 2025
Composition du jury :
- Florence Faucher, Professeure de universités, Sciences Po Paris (examinatrice, présidente du jury)
- Alix Levain, Chargée de recherche CNRS, Amure UMR 6308 (rapportrice)
- Cécile Péchu, Maître d’enseignement et de recherche, Université de Lausanne (examinatrice)
- Bruno Villalba, Professeur des universités, AgroParisTech (rapporteur)