Infos pratiques

Mardi 13 février 2024 à 14h00 > 16h00
salle Jacques Léonard, au deuxième étage du bâtiment A

Intervenant.e(s)

Benjamin Boudou
Politiste, professeur à l’Université de Rennes (IDPSP)

Discutant.e(s)

Patricia Loncle
Maël Petitjean

Organisateur(s)

Patricia Loncle, Emmanuelle Maunaye, Pierre Rouxel

Inclure à titre exceptionnel : le problème de la citoyenneté héroïque – Benjamin Boudou au Séminaire général

Présentation et discussion du projet d’article en cours de Benjamin Boudou, Inclure à titre exceptionnel : le problème de la citoyenneté héroïque, en présence de l’auteur.

 

Cet article examine la question de l’héroïsme comme condition suffisante pour l’acquisition de la citoyenneté. Je définis l’héroïsme comme un acte d’altruisme exceptionnel, surérogatoire et risqué, et la citoyenneté héroïque comme les droits politiques octroyés en récompense d’une action héroïque réalisée par un non-citoyen.
Au-delà des quelques cas européens que je présenterai, j’étudie en particulier le cas de Mamoudou Gassama, « le Spiderman de Paris », qui a été naturalisé par le président français en 2018 après avoir sauvé un enfant. S’il existe un certain consensus dans l’opinion publique à propos de ces cas exceptionnels, la logique de la citoyenneté héroïque touche à nos conceptions fondamentales de la démocratie, du mérite, de la citoyenneté et de l’appartenance comme épreuves. Je propose ainsi une analyse critique de la construction idéologique et de la signification politique de la citoyenneté héroïque.

En m’appuyant sur la critique du nationalisme méthodologique et de la « pensée d’État », je montre que la citoyenneté héroïque mobilise et reproduit une image problématique de la citoyenneté, en s’appuyant sur trois justifications problématiques : le nationalisme, le souverainisme et le moralisme. Je contextualise ces justifications et montre que la citoyenneté héroïque constitue l’autre facette d’une tendance politique plus large qui a transformé la citoyenneté en un privilège qu’il s’agit de mériter. Elle s’inscrit donc dans une discussion plus large des modalités d’inclusion en démocratie, en permettant une exception qui légitime l’exclusion des non-citoyens insuffisamment performants