Soutenance de thèse de Fabien Meslet

Titre de la thèse : « Gouverner localement les conduites pour lutter contre la précarité énergétique. Genèse et modalités de mise en œuvre de deux dispositifs d’accompagnement aux « éco-gestes » à Nantes »

Les membres du jury :

Pascale DIETRICH-RAGON, Chargée de recherche CNRS, INED, examinatrice
Philippe HAMMAN, Professeur des universités, Université de Strasbourg, rapporteur
Jean-Pierre LE BOURHIS, Chargé de recherche CNRS, Arènes, examinateur
Nadine ROUDIL, Professeure des universités, École nationale supérieure d’architecture de Paris Val de Seine, rapportrice
Valérie SALA-PALA, Professeure des universités, Université Jean Monnet Saint-Etienne, examinatrice
Claude MARTIN, Directeur de recherche CNRS, EHESP, directeur de thèse
Thomas AGUILERA, Maître de conférence, IEP Rennes, co-directeur de thèse
Renaud HOURCADE, Chargé de recherche CNRS, IEP Bordeaux, co-directeur de thèse

Résumé de la thèse :

La thèse porte sur une des modalités d’intervention dominante en France dans la lutte contre la précarité énergétique : la sensibilisation aux économies d’énergie. En s’appuyant sur une enquête qualitative menée à Nantes entre 2019 et 2023, basée sur des observations participantes, des entretiens semi-directifs et un traitement d’archives, elle analyse la construction puis le développement de deux dispositifs locaux d’accompagnement à la maîtrise de l’énergie à destination des classes populaires, à partir du début des années 2010. Cette recherche montre le rôle joué par une coalition discursive dans la construction et la légitimation d’une réponse comportementale au problème « précarité énergétique ». La coalition participe activement à la circulation et à la stabilisation d’une représentation individualisante de la précarité énergétique, axée autour de la figure du sur-consommateur d’énergie et de figures satellitaires comme le « mauvais » gestionnaire, qui rend acceptable et nécessaire une intervention sur les comportements des populations précaires. Cette thèse éclaire également la façon dont les agents-prescripteurs mandatés par l’institution municipale transmettent concrètement les normes institutionnelles de la consommation d’énergie domestique à des populations dans le cadre d’une interaction en face-à-face. Celles et ceux qui sont chargés de relayer des « éco-gestes » investissent différemment leur rôle de prescripteur. Nous proposons quatre idéaux types d’agents-prescripteurs (confident, enseignant, gestionnaire et militant) resitués dans l’espace des dispositions sociales et des trajectoires de socialisation. La thèse montre enfin comment ces street-level bureaucrats ont progressivement contesté et transformé les instruments de gouvernement des conduites énergétiques, sur la base d’une mise à distance critique de l’approche normative et
comportementale initialement constitutive de ces interventions.

La soutenance de thèse aura lieu à l’EHESP, bâtiment Debré, salle D7